Vélo et pics de pollution : ce que vous devez savoir !
Vaut-il mieux laisser son vélo accroché au clou en cas de pollution ? Pas si sûr ! Si l’air pollué n’est pas sans effets sur l’organisme, il est possible de continuer à pédaler en respectant certaines conditions !
Continuer à rouler à vélo dans une atmosphère polluée est bien meilleur pour la santé que de rester assis sur son canapé, derrière son ordinateur ou dans sa voiture ! Demeurer cloitré peut même s’avérer bien pire. Non seulement la sédentarité tue de manière insidieuse et silencieuse, mais l’air intérieur est 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur. N’étant pas hermétiques à l’air venant de dehors, on retrouve dans nos maisons, bureaux, appartements, ou encore dans nos véhicules tous les polluants externes issus de l’industrie, des gaz d’échappement, etc. À ces derniers s’ajoutent ceux provenant des moisissures, des acariens, des gaz chimiques issus des meubles, des peintures, des produits ménagers… Et l’on y passe 80% de notre temps !
À vélo, l’air est renouvelé en permanence
Soulignons également qu’une personne enfermée dans l’habitacle de sa voiture, du bus ou les couloirs du métro est beaucoup plus exposée aux particules fines qu’un cycliste. Selon une étude du King’s College London and Camden, un conducteur coincé dans sa voiture au milieu du trafic est davantage exposé à la pollution que les cyclistes et les piétons. Il faut dire que le faible volume d’air dans l’habitacle fait se concentrer les polluants venant de l’extérieur. Ne l’oublions pas ! Les systèmes d’aération des véhicules se situent au même niveau que les pots d’échappement et donc « absorbent » pour partie la pollution émise par les voitures et autres camions voisins…
Quels sont les risques pour la santé ?
Par son effet pro-inflammatoire sur l’organisme, la pollution de l’air entraîne chaque année 48 000 décès prématurés, soit 9% de la mortalité en France, selon Santé Public France. Les effets délétères des polluants se font ressentir sur les sphères cardiovasculaire et pulmonaire. Ils augmentent entre autres les risques d’infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux, de déclencher les crises d’asthme, de bronchite chronique, voire de cancer, notamment des bronches et des poumons. Ce qui explique pourquoi les femmes enceintes, les nourrissons et les jeunes enfants, les personnes de plus de 65 ans, les individus souffrant de pathologies cardio-vasculaires, les insuffisants cardiaques, asthmatiques, diabétiques, immunodéprimés… sont invités à faire très attention devant ces risques avérés lors des périodes de pollution. Nous ne sommes pas tous égaux face à ces pics.
Adaptez votre effort à vélo…
Si les instances recommandent aux personnes vulnérables et sensibles de cesser toute activité sportive intense, il ne s’agit pas non plus de s’enfermer chez soi en attendant que les taux reviennent plus à la « normale ». Certes, une étude du Belgian Science Policy a révélé que les cyclistes absorbent 4 à 9 fois plus de particules fines que les automobilistes. Il n’en demeure pas moins que ces chiffres s’expliquent par l’hyperventilation lorsque l’on pédale. Plus on met de l’intensité dans l’effort, plus on augmente le débit ventilatoire. Notre rythme cardiaque et notre volume respiratoire s’intensifient pour répondre à la demande. Ainsi, le volume d’air inspiré peut être quatre à dix fois supérieur à celui au repos. Alors forcément, si c’est autant de quantité de polluants que l’on inhale… ce n’est vraiment pas la panacée.
… Évitez l’hyperventilation !
En France, on parle de pic de pollution lorsque la quantité de polluants mesurée dans l’air que l‘on respire, dépasse ou risque de dépasser le seuil d’alerte défini par la réglementation nationale et qui concerne quatre polluants atmosphériques : les particules de taille inférieure à 10 micromètres (PM10), l’ozone (O3), dioxyde d’azote (NO2 ! et le dioxyde de soufre (SO2). Si les particules fines (d’un diamètre aérodynamique inférieur à 2,5 micromètres) apparaissent dangereuses, celles dites ultrafines (inférieur à 0,1 micromètres) sont encore plus nocives. En fonction de l’air ventilé, elles pénètrent ainsi plus facilement et profondément dans l’organisme. Les premières peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires, les secondes peuvent s’introduire dans le système sanguin, toutes deux pouvant provoquer des dommages irréversibles. Vous comprenez encore mieux, maintenant, pourquoi les risques de fragiliser l’organisme augmentent avec le débit respiratoire et qu’il convient de modérer son effort à vélo afin d’éviter l’hyperventilation.
10 autres conseils pour limiter les risques à vélo
- Reportez toute sortie longue ou séance de fractionné, que ce soit en plein air ou en intérieur (salle, domicile, etc.) lors que le niveau de pollution est trop élevé.
- Attendez la fin du pic si des symptômes liés à la pollution apparaissent : fatigue inhabituelle, mal de gorge, nez bouché, toux, essoufflement, sifflements, palpitations.
- Moulinez tranquillement. Restez en aisance respiratoire, d’être en mesure de parler, de tenir une conversation, de chanter…
- Évitez de rouler sur les grands axes routiers et leurs abords, en particulier aux périodes de pointe. Sortez tôt le matin avant 09h et tard le soir après 20h.
- Portez un masque anti-pollution peut s’avérer une fausse bonne idée. Il ne filtre pas les particules fines et ultrafines. En empêchant de bien respirer, il favorise l’hyperventilation.
- Renseignez-vous sur la qualité de l’air. Consultez le site météo et d’étude de la qualité de l’air de votre ville.
- Téléchargez aussi des applications qui prennent en compte la météo, hydrométrie… et indiquent le niveau de pollution en temps réel.
- Préférez les espaces verts loin des grandes routes, périphériques… Les arbres captent et absorbent 50% des particules fines.
- Prenez conseil auprès de votre médecin si vous faites partie des personnes sensibles et vulnérables. Il vous dira si votre traitement doit être adapté.
- Consultez votre médecin ou pharmacien en cas de gêne respiratoire ou cardiaque inhabituelle.
Si tous les experts ne s’accordent pas sur la pratique du vélo lorsque que l’air est pollué, ils sont unanimes sur les précautions à prendre.
Pédaler tranquillement offre plus de bienfaits que la pollution extérieure et intérieure n’entraîne de méfaits… à condition d’être raisonnable !
Clarisse Nénard