Vélo et cancer des testicules, existe-t-il un risque ?
Le vélo est souvent cité comme un sport bon pour le cœur. Mais une question persiste chez certains cyclistes : le vélo augmente-t-il les risques de développer un cancer des testicules ? Explorons ensemble les faits et les conseils pratiques à suivre.
par Clarisse Nénard
Consultante Sport-Santé
clarissenenard.com
C’est prouvé scientifiquement ! Pédaler c’est bon pour la santé cardiovasculaire, pulmonaire, musculaire, articulaire, osseuse, immunitaire et mentale. Quels que soient l’âge, le sexe et l’état de forme, le cyclisme joue un rôle important dans la prévention et la gestion des maladies chroniques telles l’hypertension artérielle, le diabète, l’obésité et les cancers. Rappelons que des chercheurs anglais de l’université de Glasgow ont démontré que se déplacer au quotidien à vélo, vélotafer… réduiraitde 45% le risque de cancer et de 46% celui des maladies cardiaques par rapport à un mode de transport passif. Cependant, certaines rumeurs et questions demeurent : existe-t-il une relation directe entre cancer des testicules et le vélo ? Pratiqué de manière assidue ou intensive, le cyclisme peut-il augmenter les risques d’en développer un ?
Mythe ou réalité ? L’inquiétude autour du lien vélo et cancer des testicules repose principalement sur la pression exercée sur la région pelvienne, la zone située entre les organes génitaux et l’anus. Les heures passées en selle associées à la rigidité du siège, aux vibrations répétées liées à la route ou aux chemins… peuvent affecter les nerfs et les vaisseaux sanguins, provoquant des désagréments temporaires et réversibles tels que des douleurs, une perte de sensation ou même des troubles de l’érection dans certains cas. Si certaines recherches ont mentionné qu’il y avait un rapport potentiel entre une mauvaise irrigation des testicules et leur santé ou qu’une pression excessive pouvait entraîner des dommages sur les tissus ou bien à la structure testiculaire… aucune étude scientifique n’a clairement établi une corrélation directe entre le vélo et le cancer des testicules. Cette maladie rare représente 1 à 2% des cancers masculins, détectée plus particulièrement chez les jeunes hommes âgés de 15 à 35 ans.
Les cyclistes ne sont pas plus exposés à ce type de cancer
Dans le cyclisme, on se souvient de l’Américain Lance Armstrong, sept fois vainqueur du Tour de France entre 1999 et 2005, qui a annoncé être atteint d’un cancer des testicules à seulement 25 ans, du Norvégien Torstein Traeen frappé par cette maladie à 26 ans, ou encore de l’Italien Marco Pantani. D’autres sportifs connus ont également été touchés comme le footballeur argentin Jonas Gutierrerz (ex milieu de terrain de Newcastle United), ou encore le joueur de tennis Américain John McEnroe. Gardons à l’esprit que le développement d’un cancer est multifactoriel. Si les causes exactes du cancer des testicules ne sont pas encore entièrement connues, plusieurs facteurs de risque ont été identifiés tels que les antécédents familiaux, les testicules non descendues à la naissance (cryptorchidie) ainsi que les malformations congénitales. D’autres origines sont encore à l’étude : l’exposition pendant l’activité professionnelle à des substances chimiques (le benzène ou les hydrocarbures) ou environnementaux (pesticides, bisphénol A, phtalates), ou encore une consommation de cannabis
Le cancer des testicules en quelques points clés
Cette maladie prend naissance dans les cellules du testicule qui produisent les spermatozoïdes. Elle est liée aux mutations de leur ADN qui les font soudainement grossir, se multiplier rapidement et se regrouper pour constituer une tumeur maligne. On parle alors de tumeurs germinales. Il en existe deux types : les séminomateuses (cellules souches de spermatozoïde qui ont dégénéré) et les non séminomateuses.
Même si de nombreux hommes sont confrontés occasionnellement à une douleur, un gonflement ou une gêne au niveau d’un testicule, ces signes n’indiquent pas forcément un cancer mais peuvent avoir d’autres causes. Par contre, s’ils persistent dans le temps, si vous découvrez une masse palpable sur le testicule, un changement soudain de taille ou d’apparence, plus rarement un développement des seins (gynécomastie), consultez votre médecin traitant. Un diagnostic peut être établi grâce à certains examens médicaux tels qu’une échographie, un scanner, ou une biopsie.
En France, environ 2 700 nouveaux cas sont enregistrés chaque année. Il s’agit d’une forme de cancer relativement rare avec un bon pronostic, le taux de guérison étant proche de 90 %, voire plus.
Conseils pratiques pour les cyclistes
En l’absence de preuves scientifiques solides, les craintes concernant le lien entre le vélo et le cancer des testicules demeurent aujourd’hui infondées. Cependant, il est important de rester vigilant et d’adopter quelques bons réflexes.
- Optez pour une selle adaptée qui réduit les contraintes sur la région périnéale. De nombreuses marques proposent des modèles conçus pour répartir le poids de manière plus uniforme et réduire la compression des nerfs et des vaisseaux sanguins. D’autres sont également équipées d’une ouverture au centre pour soulager la région sensible.
- Assurez-vous que votre vélo est bien réglé. Une selle trop haute ou mal placée augmente souvent cette pression, entraînant des engourdissements et des douleurs. Son bon positionnement diminue considérablement ces risques.
- Adoptez une bonne posture selon votre vélo qui doit être adapté à votre morphologie, et à votre pratique : vélo de ville, VTT, VTC, vélo de course ou vélo couché.
- Faites des pauses régulières lors de vos sorties longues. Prenez l’habitude de vous lever sur les pédales afin de relâcher la pression sur le périnée et favoriser une meilleure circulation.
- Alternez les positions assises sur votre deux-roues. Vous éviterez ainsi une compression excessive d’une zone unique.
- Portez des vêtements appropriés. Les shorts de cyclisme avec des rembourrages intégrés sont essentiels pour réduire la friction et offrir un soutien supplémentaire. Ils permettent également d’amortir les chocs et de diminuer la pression directe sur la zone périnéale.
- Consultez un médecin si vous ressentez un engourdissement, une douleur dans la région génitale, ou des symptômes de dysfonctionnement érectile persistants. Mieux vaut prévenir que guérir. Sans compter que ces symptômes peuvent être le signe d’un autre problème médical à traiter.
Souvenez-vous ! La sédentarité entraîne un risque bien plus important. Elle altère silencieusement la capacité physique et fait le lit de maladies chroniques. Elle tue plus que le tabac !
Alors, en selle !