FILTRES

Affinez vos contenus en les filtrant selon le thème de votre choix

Modifier les filtres

Une prostate en bonne santé grâce au vélo

Une prostate en bonne santé grâce au vélo

7 novembre 2023

Si la pratique intensive du vélo peut provoquer quelques troubles uro-génitaux, elle n’engendre pas pour autant de cancer de la prostate. Faisons taire cette rumeur persistante.

Le vélo est un sport reconnu pour ses nombreux bienfaits sur la santé cardiovasculaire, pulmonaire, musculaire, articulaire, osseuse, immunitaire…. Quels que soient l’âge, le sexe et l’état de santé, il joue un rôle important dans la prévention et la prise en charge de nombreuses maladies chroniques (hypertension artérielle, obésité, diabète, cancers, etc.) et dans l’amélioration de la santé psychologique.

Cependant, certaines questions reviennent souvent : le vélo peut-il endommager la prostate ? Existe-t-il un lien scientifique incontestable entre le cyclisme et le cancer de cette petite glande située sous la vessie ? Il est vrai que de nombreux coureurs de longue distance, aussi bien professionnels qu’amateurs, souffriraient de troubles uro-génitaux suite aux heures successives passées en selle. Engourdissement du pénis, compression au niveau des nerfs de la région périnéale, dysfonctionnement érectile… sont liés à diverses variables, comme la durée et la fréquence des sorties longues, la pression accrue sur le plancher pelvien situé entre l’anus et les parties génitales, la position sur le vélo, le poids, ou encore l’âge. La bonne nouvelle c’est que ces phénomènes d’ordre mécanique disparaissent au bout de quelques semaines et n’engendrent ni cancer de la prostate ni son hypertrophie. Au contraire, pédaler contribue à limiter son apparition et sa progression.

Vélo et cancer de la prostate, faut-il s’inquiéter ?

Au lieu de blâmer le vélo, nous devrions nous concentrer sur les véritables problèmes de santé liés à la sédentarité, tels que le cancer de la prostate. Avec plus de 56 000 nouveaux cas par an, il se situe au 1er rang des cancers masculins et constitue la 2ème cause de mortalité par tumeur chez l’homme (8 700 décès par an, selon la Haute Autorité de Santé). Rare avant 50 ans, son incidence augmente progressivement avec l’âge, survenant généralement après 65 ans. Il s’agit le plus souvent d’un cancer à évolution lente, sur plusieurs années. Il peut être totalement silencieux ou responsable de troubles urinaires (difficulté à uriner, envie plus fréquente), de problèmes d’érection ou d’une sensation de lourdeur dans le bas-ventre, lorsque la tumeur vient à comprimer l’urètre. Mais attention, ces signes traduisent bien plus souvent une simple hypertrophie bénigne de la prostate (adénome bénin) ou une prostatite (infection de la prostate) que la présence d’un cancer.

En cas de suspicion, votre médecin effectue un toucher rectal afin de palper la prostate, de vérifier son volume, sa surface et sa consistance. Si elle est dure, irrégulière avec ou sans nodule, un dosage du PSA (Antigène Prostatique Spécifique), substance produite par la prostate, par prise de sang est prescrit. La valeur seuil de normalité de ce marqueur de pathologie prostatique se situe à 4 nanogrammes par millilitre de sang (ng/ml). Un taux supérieur n’est pas non plus systématiquement le signe d’un cancer. Il peut augmenter suite à un toucher rectal, une éjaculation récente, une infection urinaire, un adénome prostatique, une prostatite, ou même après une pratique intensive de vélo. La selle appuyant sur l’urètre, peut compresser ce canal, entraînant une inflammation et une sécrétion plus élevée de PSA. En cas de doute, votre médecin pourra vous demander de refaire un deuxième dosage quelques jours plus tard, en vous recommandant d’éviter tout pédalage les jours précédant ce test. Si la suspicion se confirme, une biopsie prostatique sous anesthésie locale le plus souvent est alors effectuée afin de poser un diagnostic.

Heureusement, lorsqu’il est détecté à un stade précoce, le cancer de la prostate a un bon, voire un très bon pronostique. D’où l’importance de garder un œil sur sa prostate et de se faire dépister !

Le vélo moins dangereux que la sédentarité

S’il est vrai que certains cyclistes peuvent ressentir de l’inconfort, voire de la douleur, au niveau de la prostate lorsqu’ils passent de longues heures sur la selle d’un vélo, méfiez-vous plutôt de la sédentarité, un tueur silencieux. Le manque d’activité est actuellement considéré comme le quatrième facteur de risque de mortalité prématurée selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui estime que 3,2 millions de décès sont attribuables à l’inactivité chaque année dans le monde. Aujourd’hui, il est démontré qu’un niveau insuffisant d’activité physique ainsi que la sédentarité augmentent de 20 à 30% les risques de contracter un cancer, de développer une maladie cardio vasculaire, un diabète ou encore d’être victime d’un AVC. Selon la Fédération Française de Cardiologie, marcher 30 minutes par jour réduirait le risque d’infarctus de près de 20%, la pratique du vélo engendre également de nombreux bienfaits sur la santé au bout d’une demi-heure: augmentation du métabolisme de base, stimulation de la circulation sanguine, renforcement du système cardiorespiratoire, accroissement de la consommation des graisses, diminution du stress, etc. Les bienfaits du vélo l’emportent de loin sur les risques qu’il peut éventuellement provoquer lorsque celui-ci est mal ajusté.

Intégrez le vélo dans votre routine

Si vous êtes soucieux de votre prostate et que vous souhaitez profiter des bienfaits du vélo, voici quelques conseils pratiques :

  • Adoptez une bonne position. Une position de conduite correcte est cruciale pour réduire la pression sur la région pelvienne.
  • Choisissez bien votre selle. Préférez-la fendue au centre avec la pointe courbée vers le bas. Celle avec un canal central d’aération contribue à diminuer la compression des structures périnéales. D’autres dites médicales ou ergonomiques, avec bec amovible ou sans, avec une rainure centrale… permettent d’éviter des problèmes urogénitaux (fourmillements, irritations, douleurs, etc.).
  • Portez un cuissard de bonne qualité. Misez sur un modèle « seconde peau » en microfibre respirant. Assurez-vous qu’il soit à votre taille et que le pad à l’entre-jambe s’adapte bien à votre morphologie. En mousse, en gel ou en peau de chamois, il doit couvrir toutes les zones en contact avec la selle.
  • Ajustez la hauteur de la selle.Trop haute, elle engendre un basculement des hanches.
  • Faites des pauses régulières pour soulager la pression et améliorer la circulation sanguine.
  • Restez à l’écoute de votre corps. Si vous ressentez une douleur ou de l’inconfort, consultez votre médecin traitant ou du sport.

En prenant des précautions simples, vous pouvez profiter des nombreux avantages du cyclisme tout en protégeant votre santé prostatique. Il est beaucoup plus dangereux de rester sur le divan que d’enfourcher son vélo.

Clarisse Nénard

clarissenenard.com