Le vélo contre l’insuffisance rénale
La pratique du vélo, régulière et modérée, voire sportive, est recommandée pour ralentir et prévenir l’insuffisance rénale chronique et pour diminuer les risques cardiovasculaires.
Pédaler c’est bon pour la santé ! Si faire du vélo permet à toute personne d’améliorer sa condition physique, de retarder le vieillissement de l’organisme, de contribuer à un certain bien-être psychologique, au-delà de l’aspect purement physique… s’adonner aux joies de la Petite Reine permet de prévenir et de lutter contre les maladies rénales chroniques. Cela quel que soit le stade de la maladie et son traitement, la Haute Autorité de Santé (HAS) le recommande. Comme pour beaucoup de pathologies, une activité physique régulière et adaptée à son état de santé doit être encouragée afin de réduire les méfaits de la sédentarité, les risques cardiovasculaires ainsi que la dégradation de la fonction rénale. Elle est l’un des cinq piliers de la réussite de la rééducation avec l’éducation, l’encouragement, l’emploi et l’évaluation, souligne le Life Options Réhabilitation Advisory Council, groupe d’experts canadiens de la dialyse et des personnes atteintes d’insuffisance rénale.
Le vélo maintient un bon niveau de forme physique
Or, selon une étude* publiée dans la revue médicale American Journal of Physiology, des chercheurs de l’université de Leicester ont démontré que des exercices de type aérobie (vélo, tapis roulant, aviron), combinés à du renforcement musculaire (levage de poids), engendraient des bienfaits significatifs sur la santé de patients atteints d’insuffisance rénale chronique non dialysés. Après trois mois, à raison de trois séances de 30 minutes par semaine, ils ont constaté une augmentation de leur force, une prise de muscle au niveau des jambes et une meilleure condition respiratoire. Dans la maladie chronique, très souvent l’état musculaire se dégrade, les os perdent une partie de leur densité, les articulations se grippent et le système immunitaire se dégrade. Sans compter que la fatigue décourage parfois de bouger, ce qui accélère encore plus la fonte musculaire et le déconditionnement.
Toujours selon cette même étude, les patients atteints d’une maladie rénale chronique actifs sur le plan physique auraient 56% de risques en moins d’en décéder contre 42% pour les inactifs.
Qui est concerné par l’insuffisance rénale ?
En France, 1 personne sur 10 est touchée par la maladie rénale soit plus de 6 millions de patients. Environ 90.000 personnes sont en traitement de suppléance aujourd’hui et plus d’un tiers ont été prises en charge en urgence. Le nombre de ces personnes augmente en moyenne de 4 % par an ces dernières années. (Source Guide HAS 2021). Selon l’Inserm, dans 50% des cas, les maladies rénales chroniques qui conduisent à l’insuffisance rénale sont la conséquence d’un diabète ou d’une hypertension artérielle, deux pathologies pour lesquelles la pratique du vélo est également fortement recommandée.
L’importance de prendre soin de ses reins
Situés derrière l’abdomen, de part et d’autre de la colonne vertébrale, les reins sont des organes vitaux dans la création d’hormones et des cinq émonctoires (foie, intestins, poumons, reins, peau) de l’organisme. Ce sont de véritables « usines » d’épuration en forme de haricot qui traitent les toxines néfastes pour notre corps. Environ 1 700 litres de sang par jour passent par les reins afin de filtrer les déchets métaboliques du sang.
Ils ont pour rôle de :
- Éliminer les déchets, les évacuer dans les urines et ne garder que les substances utiles au bon fonctionnement de l’organisme ;
- Maintenir constante la composition du sang (quantité d’eau, de sel, de potassium…) ;
- Garder la pression artérielle au bon niveau ;
- Synthétiser la vitamine D qui permet l’absorption du calcium alimentaire par l’intestin et sa fixation sur l’os ;
- Produire une substance appelée érythropoïétine, qui stimule la production des globules rouges.
Leur perte d’efficacité partielle ou totale se traduit par une augmentation de l’urée et de la créatinine dans le sang. De manière silencieuse et progressive, les reins perdent de façon durable et irréversible leur capacité à filtrer correctement le sang.
L’insuffisance rénale chronique (IRC) est déclarée à partir du moment où les reins cessent de fonctionner de manière définitive. Lorsque l’IRC est parvenue à un stade très avancé, le patient doit, pour remplacer les fonctions vitales des reins, dialyser ou recevoir une greffe de rein, afin de nettoyer les impuretés qui s’emmagasinent dans son sang.
Pédaler aide à garder des reins en bonne santé
Les sorties vélo sont indispensables dans la prévention et la prise en charge de tous les facteurs de risque sur lesquels il est possible d’agir et de :
- Limiter la sédentarité ;
- Adopter une bonne alimentation ;
- Bien s’hydrater ;
- Perdre du poids ;
- Stopper le tabac ;
- Renforcer le système cardiovasculaire.
Continuez de pédaler avec les « vélo-dialyse » !
Certains centres d’hémodialyse se sont équipés de pédaliers d’activité physique adaptée ou de vélos ergonomiques. Ils permettent aux patients, et notamment à ceux en attente d’une greffe rénale, de continuer à pédaler en fonction de leur état, pendant les séances de dialyse. Rien de tel pour maintenir le bas du corps tonique, entretenir son endurance, et pour aborder la greffe dans les meilleures conditions physiques et morale !
Clarisse Nénard
*https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/ajprenal.00012.2018