Épilepsie : le vélo pour calmer et lutter contre les crises
La pratique régulière du vélo s’avère un outil thérapeutique intéressant pour diminuer l’intensité et la fréquence des crises
Quand on est épileptique, il n’est pas toujours simple de pratiquer une activité́ physique, et encore moins de faire du vélo. La faute à qui ? À la méconnaissance et donc à la peur de cette maladie neurologique. Tout ce qui touche au cerveau, organe aussi extraordinaire que complexe, effraye par son côté mystérieux et du fait qu’il orchestre tout notre organisme. Souvent associée à des crises avec des convulsions, des absences, une rigidité des muscles… l’épilepsie ne se résume pourtant pas à ces manifestations. Il n’y a pas une mais des épilepsies de gravité variable en fonction de certains facteurs (âge, génétiques, lésions cérébrales, etc.).
L’épilepsie, qu’est-ce que c’est ?
Deuxième maladie neurologique chronique la plus fréquente après la migraine, l’épilepsie touche plus de 600 000 personnes en France, soit 1% de la population, dont 50% d’enfants.
Ce trouble neurologique se caractérise par une augmentation soudaine d’une activation des cellules nerveuses cérébrales qui parcourent les nerfs. Cet influx nerveux excessif et brusque engendre des décharges « électriques », de véritables « éclairs ». Ces derniers se traduisent de différentes manières par des crises :
- Partielles ou focales lorsque les influx nerveux se situent dans une zone localisée du cerveau (troubles de la vision, de l’audition, du langage, manifestations motrices ou sensitives des membres, modifications de perception de l’environnement) ;
- Généralisées, lorsque les crises saisissent les deux hémisphères cérébraux. Les symptômes touchent alors l’ensemble du corps.
Si l’on peut comprendre les nombreuses questions que l’on se pose lorsqu’une personne se révèle épileptique, les freins viennent principalement des idées reçues, de l’entourage (familiale, encadrants, clubs, fédérations, etc.). La crainte d’une éventuelle crise, les effets secondaires des traitements (fatigabilité, somnolence, problèmes de mémoire et de vertige, irritabilité, changements d’humeur, …), les risques encourus (chute, accident, etc.), la présence constante d’un parent ou d’un aidant, la protection excessive du coach qui a peur de trop solliciter le cycliste épileptique, le regard des autres… sont autant de facteurs pouvant à tort exclure d’un peloton et des clubs le cycliste épileptique. Or, il lui est pourtant possible de s’adonner aux joies de la petite reine !
Le vélo aide à diminuer la fréquence et l’intensité des crises
Pédaler régulièrement est recommandé aux épileptiques. Des études ont démontré que l’activité physique adaptée n’aggrave pas l’épilepsie. Bien au contraire ! Selon le professeur Arnaud Biraben, neurologue spécialisé́ en épileptologie (CHU Rennes), président du Comité́ National de l’Épilepsie, 36% des patients disent que leur épilepsie est mieux contrôlée grâce à une activité physique régulière. En déclenchant un processus complexe et en stimulant la production de certaines hormones dans le cerveau, le vélo permet d’accroitre le seuil d’excitabilité des neurones anormalement bas chez les épileptiques et de diminuer l’intensité ainsi que la fréquence des crises, voire même à les faire disparaitre. Sans compter que le sport a un effet neuro-protecteur.
En fait, ce serait la sédentarité, le stress, l’anxiété, la peur qui favoriseraient la survenue des crises d’épilepsie. Ni le sport ni l’hyperventilation due à l’effort n’entraînent de crise. L’acidose qui accompagne l’activité physique conduit à une baisse du nombre d’absences. Les bienfaits du vélo sur les patients épileptiques sont multiples.
Enclins à la dépression, ils retrouvent un meilleur sommeil, gagnent en mieux-être (moral, confiance et estime de soi). Tout en augmentant leur niveau de vigilance, ils acquièrent une meilleure qualité de vie. Sur bien des plans, le vélo a un effet « anti-crise » !
Les précautions à prendre lors d’une sortie vélo
Si les sports mécaniques, nautiques et aériens, l’escalade… sont à haut risque pour l’épileptique et potentiellement pour son entourage (classe 3), le niveau de dangerosité de faire du vélo reste modéré pour le cycliste et faible pour les tiers (classe 2). Les risques encourus lors d’une crise sont essentiellement les chutes, les accidents de voiture et les noyades. Pour pédaler avec sérénité, il convient de prendre certaines précautions en considération.
Un peu comme les personnes atteintes de maladies chroniques (diabète, hypertension artérielle, cancer, etc.), il est nécessaire d’adapter sa pratique en fonction de « son profil épileptique » (fréquence, type de crise et perte de conscients ou pas, facteurs déclenchants, etc.), de son état de forme du moment et de ses envies. Car il n’y a pas une mais de multiples formes d’épilepsie, et les effets secondaires sont variables d’un médicament à un autre et d’une personne à une autre. C’est notamment pourquoi, la pratique doit donc être :
- Réfléchie avec le conseil de son médecin traitant qui nous connait bien, voire un neurologue si les crises sont importantes.
- Effectuée avec les possibilités de surveillance et d’alerte. Il ne faut jamais rouler en solo même si l’on sait jusqu’où nous pouvons aller et où se situent nos limites.
- Accompagnée avec un ou de deux coéquipiers informés sur les bons réflexes à avoir en cas de crise :
- Garder son calme ;
- Protéger, retirer les lunettes, empêcher la tête de se cogner, retirer les objets avec lesquels il pourrait se blesser et desserrer les vêtements ;
- Mettre en position latérale de secours (PLS) dès que possible ;
- Vérifier le rythme cardiaque et respiratoire coloration cutanée ;
- Ne pas mettre ses doigts dans sa bouche ou tout objet rigide ;
- Vérifier qu’il n’a pas de blessure à la tête en cas de chute ou de choc.
Surtout, ne diminuez pas et n’arrêtez jamais seul vos traitements médicaux. Ce n’est pas parce que vous vous sentez mieux grâce au vélo que vous devez tout arrêter.
Veillez aussi à bien respecter les règles d’or d’une sortie vélo réussie !
Clarisse Nénard