Accident à vélo, les premiers secours et gestes qui sauvent
Les accidents à vélo peuvent survenir à tout moment. Savoir comment réagir peut faire toute la différence. Découvrez les gestes de secours essentiels en fonction des situations avec Patrick Chavada, lieutenant à la caserne des sapeurs-pompiers de Carpentras et référent secourisme à la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France (FNSPF).
Glissade, chute, perte de contrôle du vélo liées aux conditions routières défavorables, à une surface glissante, à des manœuvres brusques, des obstacles sur le trajet… il existe une multitude de scenarios d’accidents à vélo. Que ce soit en pleine montagne avec un VTT, sur la route avec un vélo de course, ou en milieu urbain avec un vélo à assistance électrique (VAE), voici les bons réflexes et les gestes de premiers secours que vous pouvez effectuer auprès des personnes accidentées.
Par Clarisse Nénard
Consultante Sport Santé clarissenenard.com
Assurer la sécurité immédiate
Avant toute intervention, évaluez la situation, sécurisez la scène et protégez le cycliste pour que l’accident ne s’aggrave pas. « Surtout, ne déplacez pas le blessé sauf en cas de danger imminent, c’est-à-dire s’il se trouve sur une voie à grande circulation et qu’il risque de se faire écraser, précise Patrick Chavada, lieutenant à la caserne des sapeurs-pompiers de Carpentras dans le Vaucluse (84), au pied du Mont Ventoux. Ne le sortez pas du fossé pour le mettre sur le bas-côté au risque d’aggraver les lésions. Ne le prenez pas non plus dans votre véhicule pour l’emmener à l’hôpital. Le danger vient des manipulations intempestives. Bouger une victime qui a une fracture de la colonne vertébrale peut provoquer une paralysie totale des membres. »
Évaluer l’état de la victime
Vérifiez si le cycliste est conscient en lui posant des questions simples : Vous m’entendez ? Comment allez-vous ? Où avez-vous mal ? La douleur est-elle aigüe ou lancinante ? Demandez-lui d’ouvrir les yeux ou de serrer votre main. S’il ne répond pas à vos sollicitations, il a très certainement perdu connaissance et se trouve en état d’inconscience. Observez alors sa respiration. « Pour savoir si la personne respire ou pas, il suffit de mettre sa main sur son ventre, explique le référent secourisme à la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France (FNSPF). Si l’abdomen bouge, elle respire. S’il ne bouge pas, on considère que le cœur est arrêté, alors il faut faire un massage cardiaque. »
Appelez le 112. Attendez l’arrivée des secours à ses côtés.
Comment secourir un cycliste ?
– Il ressent un malaise
« Que ce soit à cause de fortes chaleurs, d’une mauvaise préparation physique, d’une hypoglycémie… allongez-le sur le dos sur le sol à l’ombre et au frais, la masse sanguine va se répartir horizontalement et irriguer le cœur ainsi que le cerveau ou installez-le dans la position où elle se sent le mieux. Assis, le sang va avoir tendance à descendre, par conséquent à moins l’oxygéner. Si vous avez la possibilité d’avoir un brumisateur ou de l’eau, mouillez-lui le visage, le thorax et les membres afin de faire descendre la température corporelle. Appelez les secours.
Restez avec la personne et surveillez son état. Ne lui donnez rien à boire ni à manger jusqu’à l’arrivée des secours. »
– Il est conscient mais se plaint de douleurs
« Rassurez-le. Parlez-lui. Dites-lui de ne pas bouger, de rester calme le temps que les secours arrivent. S’il a un casque ne lui retirez pas en raison des risques de lésions du crâne. Il faut être deux et formés pour le faire. Si on bouge le cou ou la tête en cas d’atteinte de la colonne vertébrale, le fragment d’os peut venir s’appuyer sur la moelle épinière et entraîner des fourmillements, voire une paralysie des membres.
En cas de choc crânien, l’individu peut être désorienté, obnubilé et agité. « Je ne sais pas où je suis. Je ne sais pas qui vous êtes. Que s’est-il passé ? Essayez de le calmer mais ne le maintenez pas de force au sol. S’il est conscient sur le dos, laissez-le ainsi, ou dans la position où il se sent le mieux. »
– Il est inconscient au sol
« S’il respire, ne le mettez pas en position latérale de sécurité, à moins que la personne des secours au téléphone vous l’indique le temps que l’ambulance arrive. Aujourd’hui, seules les victimes non traumatisées se placent en PLS, comme un cycliste qui fait un malaise.
Si la respiration est absente ou anormale, commencez la réanimation cardio-pulmonaire (RCP), un massage cardiaque, même sii vous n’avez pas été formé pour réaliser des compressions thoraciques, c’est un geste simple. Appuyez au centre de la poitrine avec la paume de votre main une centaine de fois par minute. On appuie, on relâche, on appuie, on relâche…. le temps que les secours arrivent. L’objectif est de réaliser une circulation artificielle du sang afin d’irriguer le cerveau qui a besoin d’oxygène, ce qui évite des séquelles neurologiques plus tard. S’il y a du monde autour de vous, faites-vous relayer toutes les deux trois minutes.
Tout le monde peut réaliser un massage cardiaque ! Mieux vaut effectuer un geste mal fait que pas de geste du tout ! Le pire, ce sont les gens qui regardent et qui ne font rien. D’autant plus que, quand vous appelez les secours, l’opérateur va vous guider par téléphone. Le secouriste vous explique où mettre les mains, comment réaliser une compression thoracique, vous donne le tempo grâce à un métronome. Il reste avec vous au téléphone jusqu’à l’arrivée des secours. »
– Il fait une hémorragie
« Le principe de base consiste à appliquer une pression directe sur la plaie avec la main ou à l’aide d’une serviette propre là où ça saigne jusqu’à l’arrivée des secours. Dans 90 % des cas, cela suffit pour stopper l’hémorragie. En appliquant une pression suffisante, avec les deux mains si nécessaire, vous limitez le saignement ce qui favorise la coagulation et l’arrêt du sang. S’il y a une fracture ouverte et que le sang coule à flot, faites un garrot tourniquet improvisé à quelques centimètres au-dessus de la plaie. Prenez un lien large comme une cravate, une ceinture ou autre. Entourez le membre avec. Placez un bout de bois par exemple sous le bandage pour créer un effet de pression. Tournez-le jusqu’à ce que le saignement cesse. Puis attendez les secours. »
Si la sécurité et la santé des cyclistes passent par une bonne connaissance des premiers secours, la prévention reste la meilleure stratégie pour éviter les accidents à vélo. Le port d’un casque bien ajusté est l’une des mesures de sécurité les plus fondamentales. Le téléphone
portable se veut un outil indispensable en cas d’urgence. Non seulement il permet de contacter rapidement les secours mais il fournit une géolocalisation précise.
